.


LES VARIATIONS DU CHAOS



méfaits de l'excès de performance


La situation devient chaotique, incontrôlable pour les forces qui la dominaient et l'on voit émerger une lutte entre tous les acteurs du système

 

L'analyse

 

Par gauthier de bruges, Passage de l'Étoile

 

Les articles des astrologues spécialisés ne cessent d'impliquer l'aspect d'opposition du cycle Saturne Uranus comme L'EXPLICATION unique, et essentielle, de la crise économique actuelle. Ils pratiquent le raisonnement par placage. Consistant à lier entre eux la formation d'un aspect dans le ciel, sans s'interroger sur sa signification exacte, avec l'actualité du moment. Une mauvaise mise en oeuvre du principe de la cause et de l'effet.

 

Cela donne : les Bourses paniquent, effet Uranus Saturne. La bulle immobilière éclate encore un effet Saturne Uranus. On pourrait allonger cette liste indéfiniment.

 

Mais le procédé a ses limites. Barack Obama élu est-ce un effet Saturne Uranus? La Fed injecte 700 milliards de $ dans l'économie pour sauver les banques américaines, encore Saturne Uranus? Sarkozy trouve par miracle une rallonge de 10 milliards d'euros, c'est aussi Saturne Uranus? Il propose ensuite un plan de relance supplémentaire de 26 milliards d'euros, toujours Saturne Uranus?

 

Comment le même aspect de cycle peut-il expliquer en même temps une crise économique, et ses remèdes? Cette contradiction fondamentale ne trouble aucun de ces désastrologues impénitents, prédisant en choeur, comme le président du FMI, le français Strauss Kahn, le pire en 2009.

 

Il ressort de cette observations que l'aspect Saturne Uranus, sert d'épouvantail, et de prétexte à tous les discours catastrophiques. Sans convaincre de la pertinence des arguments avancés. Car la cause du chaos économique actuel réside ailleurs. La crise, contrairement aux idées reçues se trouve dans le passé récent. Non dans l'instantané de l'actualité immédiate de l'éclatement des bourses mondiales. 

 

Ainsi, en remontant ces 10 dernières années, on observe avec surprise une troublante analogie entre le dopage sportif, et les excès du monde bancaire.

 

Illusions du dopage

Le cycliste professionnel, affrontant le Tour de France, utilise des produits afin de surmonter la dépense physique exagérée imposée, aux participants de la course, par les organisateurs, et les pouvoirs publics. Afin d'impressionner, l'équipe du tour organise un programme d'étapes imposant des prouesses. Contraignant ainsi le sportif à se surpasser, et dépasser ses limites physiques. Une pression officialisée par la publication, du trajet au J.O de la République, par le ministre de l'intérieur français. Complice de ces incitations au dopage par cette validation du parcours.

 

Remontons de 10 ans dans le passé.

 

1998 Affaire Festina. L'ensemble de l'équipe Festina, dont Richard Virenque, est exclue pour dopage organisé. La suite de l'épreuve est rythmée par les descentes de policiers et les auditions de coureurs.

 

2002 Affaire Rumsas. L'épouse de Raimondas Rumsas, troisième du Tour, est arrêtée pour importation illicite de médicaments. Le coureur lituanien est contrôlé positif l'année suivante au Giro.

 

2005 Affaire Lance Amstrong. Des échantillons d'urine de Lance Armstrong du Tour 1999, analysés a posteriori, contiendraient de l'EPO, affirmait le quotidien sportif L'Equipe. Armstrong nia.

 

2006 Affaires Astana, système de dopage du docteur Fuentes, et Floyd Landis controlé positif.

 

2007 Alexandre Vinokourov déclaré positif à la transfusion sanguine homologue, entraînant le retrait de la course de son équipe Astana

 

2008 Moïses Duenas : deuxième dopé du Tour de France· Ricco positif à l’EPO : troisième coureur dopé sur le Tour de France 2008.Piepoli, quatrième dopé de l'épreuve. Un cinquième coureur dopé ! Manuel Beltran sous le maillot de la formation Discovery Channel

 

 

Or 1998 marque l'année de l'entrée de Neptune en Verseau. L'illusion que la science, la technique, ou les drogues conçues comme des potions miracles, permettent les dépassements, les surpassements, et les exploits. PERFORMER coûte que coûte. L'addiction à la gagne. La dépendance à la performance. Quand on est dans le culte de la performance, on se croit parfois tout-puissant. On cherche alors de fausses solutions. Surtout lorsqu'on devient une source de fantasmes pour le grand public, régulièrement perfusé par les flashs d'actualité des médias. Une Opinion publique exigeant alors toujours plus de performances encore. Telles sont les déclinaisons de Neptune dans ce signe.

 

 

Illusions financières

1998 marque aussi la fin des années Clinton. Encore deux ans avant la présidence de Bush.

 

Afin de favoriser l'accession à la propriété des catégories pauvres. Concrétiser ainsi le rêve américain, tout le monde doit réussir en devenant propriétaire. Le pouvoir Démocrate contraignit les banques américaines à leur prêter de l'argent, en les menaçant de poursuites judiciaires en cas de refus. Création des hypothèques "subprimes". Les emprunts accordés aux catégories pauvres sont sortis des bilans des banques, suite à modification des régles comptables. Puis transformés en produits d'investissement proposés sur le marché des placements, avec un fort taux de rendement. Une escroquerie en réalité. Les banques américaines cachérent les crédits immobiliers douteux dans des avoirs sains, vendus comme des actifs financiers uniques. Aujourd'hui, aucune banque n'est en état de mesurer son degré d'incertitude.

 

La fin des années 90 privilégia en finance la théorie dite du Culte du modèle, conçue par les prix Nobel Merton, Scholes et Prescott. Mise en place du "discours performatif" avec le recours immodéré aux produits financiers structurés et titrisés. Les  pères fondateurs de la théorie financière «avaient tenté de découper l'incertitude en deux parties: le «risque», paramétrable à l'aide de probabilités; et «l'incertitude», que l'on ne peut diversifier».

 

Il en résulta l'essor fulgurant de l'industrie financière alternative. La banque d'affaires classique devint une espèce menacée. La tradition du trading se déplaça vers les hedge funds. L'industrie alternative développa le modèle le plus compétitif de rémunération des traders, que les salles de marchés des banques n'ont jamais su égaler. Le poids des hedge funds dans le négoce ne fit que croître. Ils investissent globalement 1900 milliards de dollars d'avoirs de clientèle. Ce sont des gérants très actifs, à l'origine des plus gros volumes quotidiens d'ordres de bourse.

 

1998 à 2008 les marchés financiers sont profondément marqués par trois évolutions majeures : le développement des contrats dérivés, la titrisation et la désintermédiation des banques. Cette évolution favorisa essentiellement une croissance insuffisamment financée par du capital propre. On créa ainsi le concept du capitalisme sans capital. Une pure illusion neptunienne.

 

En même temps, les modifications des régles comptables autorisèrent les banques à sortir des éléments d'actifs, en usant du système des "hors bilans". Ainsi le 15 septembre 2008 on découvrit que la banque immobilière AIG avait plus de 500 milliards d'engagements hors bilan, inscrits nulle part. La finance victime du monde virtuel qu'elle inventa.

 

2002 premiers signes d'une bulle immobilière américaine. Les banquiers n'en avaient rien à faire tant qu'ils touchaient leurs commissions. La consigne fut qu'on laisse se former les bulles, et qu'on intervient lorsqu'elles éclatent pour limiter les dégâts.

 

2004 création du Subprime 2.0 ou CDS "contrat d'échange de défaillance de crédit». Un marché passé de 6396 milliards de dollars à fin 2004 à 57894 milliards à fin 2007. Sur cette période, un rythme de croissance démentiel de 108% chaque année. Une assurance. L'acheteur paie régulièrement une prime à l'émetteur. En contrepartie, celui-ci s'engage à le dédommager en cas de défaillance. L'acheteur n'a pas à posséder l'actif sous-jacent et le vendeur n'a pas d'obligation de mettre en réserve du capital pour couvrir l'engagement. Le CDS est donc un extraordinaire instrument de spéculation sur du vent.

 

2005 Changement des normes comptables bancaires avec le passage aux IFRS. les banques ont privilégié les « changements cosmétiques de présentation financière » afin de « minimiser la volatilité de leur résultat". On sous optimisa volontairement la gestion des risques.

 

2008 l'International Accounting Standards Board (IASB). autorisa le 13 octobre quelques petits arrangements entre amis sur l'application de la « juste valeur". Les banques européennes peuvent changer leurs normes, en diminuant le montant des dépréciations dans leurs bilans. La valeur des actifs reste figée à la date du 1er juillet 2008. Ainsi les transactions ne reflétent plus la valeur réelle des produits. Un pas supplémentaire dans le bancaire virtuel.

 

Ces années sous l'influence de Neptune sont celles de la finance virtuelle. Développant le concept d'un profit maximal, quasi sans risque. Celui-ci devenant alors un produit de placement via un contrat d'assurance. L'ingéniérie financière n'a d'autres limites que l'imagination des produits mirages.  

 

 

Le sexe sous illusions technologiques

1998 année de l'Affaire Monica LEWINSKY. Le monde entier découvrait la liaison du président Bill Clinton, avec une stagiaire de la Maison Blanche. Au delà du scandale du mensonge, reproché au premier personnage de l'Etat US, sur ses fricotages intimes. L'affaire révéla une pratique sexuelle particulière, l'usage du cigare comme sextoy introduit dans le vagin afin de susciter l'orgasme par les mouvements de va  vient successifs.

 

Les moulages traditionnels de pénis, aux mensurations des hardeurs du X, laissèrent peu à peu la place aux objets vibrants, bruyant, lumineux, et à vitesses variables.

 

La presse banalisa l'usage de ces artifices sexuels en publiant régulièrement des reportages sur les réunions féminines dites "fuckerware" donnant lieu à présentations et démonstrations de ces divers appareils. Dont l'un des modèles les plus connus a la forme d'un petit canard jaune pour le bain. Dans les grands magasins parisiens on trouve ces objets en vente libre, sous des conditionnements chics, et des noms de marque connus. En septembre 2008 Philips, leader de l'électro ménager annonçait une diversification de ses activités dans le secteur des produits pour massages intimes.

 

La série américaine Sex and the City popularisa le modèle multivibreur "Rabbit" capable de solliciter et d'exciter simultanément les parties vaginale et anale féminines. Avec tête pivotante.

 

Ainsi la machine, promet à la femme frustrée, insatisfaite, ou solitaire, l'accès à l'acmé et la plénitude de ses orgasmes, par la pénétration contrôlée selon sa volonté. En maitrisant le choix des formes, des tailles, des couleurs, des sensations (selon la rugosité, les nervures externes, ou l'exagération démesurée du veinage), et des couplages à d'autres systèmes. Ainsi il existe des sextoys habillant les téléphones portables, permettant la montée du plaisir avec la fonction vibreur activable par simple appel.

 

Il se vend aussi des mini sextoy, format bâton de rouge à lèvres, multivitesses, à emporter en sac à main, pour des plaisirs rapides, furtifs, discrets, et en tous lieux.

 

Avec Neptune en Verseau la promesse des plaisirs sexuels renouvelés à portée de main. La performance sexuelle multipliée des orgasmes sur commande à sextoys. Le partenaire devient inutile, remplacé par la machine pourvoyeuse de jouissances. Le couple s'estompe. Les gadgets sexuels sophistiqués sont en passe de s'implanter dans la chambre à coucher, comme la télévision dans le salon. Le sextoy préfigure le robot sexuel pour homme et pour femme. Version moderne de la poupée gonflable inventée en 1941 par le régime nazi pour ses soldats, cantonnés loin de leurs épouses, et de leurs foyers.

 

 

 

L'illusion de la vitesse

11 septembre 2001 début d'un phénomène nouveau de perception temporelle : le présentisme. Synchronisations mondiales multiples des façons d'agir et des émotions lors de l'attentat du World Trade Center, via les transmissions médiatiques.

 

2004 Le tsunami en indonésie. Une onde de choc compassionnelle déferle sur le monde suscitant des millions d'euros de dons spontanés suite à la diffusion des images la veille de noël.

 

2008 les bourses chûtent, folie mondiale des marchés, exagérations des réactions.

 

La vitesse devient un élèment de fantasme dans la dimension de l'instantanée. La prime allant au plus rapide, au plus véloce, aux qualités d'anticipation de l'action.

 

Désormais les prévisions se font à échéance de 15 jours. Avant l'annonce de l'escroquerie Madoff, un Kerviel facteur 10, la BNP début décembre achetait Fortis. Depuis elle se désengage de son projet d'acquisition, découvrant le montant affolant de ses pertes accumulées.

 

Fin novembre Sarkozy annonçait une relance complémentaire de 26 mde, nommant dans la foulée Devedjian au ministère du même nom. Mi décembre l'Elysée annonçait un troisième plan dont les mesures seront dévoilées lors des voeux présidentiels du 31 décembre. A ce rythme un cinquième plan de relance le 15 janvier.

 

 

Plus le chaos progresse en projetant ses hallucinations et moins nous avons le temps de réagir. L'accélération galopante du temps nous grignote et nous dévore. Nous passons d'une économie des gestes, des pensées et des réflexions, à la pression ascendante de l'irruption de l'avenir.

 

Ce nouvel excès de la performance met à l'épreuve nos capacités de réactivité instantanée. En 2009 le phénomène s'accentuera nettement dans notre vie quotidienne, notamment à partir du 9 janvier avec le passage de Jupiter du Capricorne au Verseau. En effet, le maître du Verseau, Uranus, se trouvant en Poissons, chez Jupiter, leurs influences se combineront comme le démultiplicateur d'une boite de vitesses. Les impulsions passeront alors au palier supérieur. Les phénomènes s'accentueront, et des millions d'entre nous seront contraints de bouger.

 

 

Nous sommes désormais engagés dans une course effrénée dont les effets deviendront brutaux et violents à partir de 2010. Pour s'estomper, enfin, à partir de mi mai 2018.

 

 



gauthier de bruges©12/08